L’extrémisme de droite en Suisse en 2005/2

Zürich, 31 Décembre 2005

Cette année encore, les “crânes rasés” brillent par leur présence

L’extrémisme de droite en Suisse en 2005

Le 1er août 2005 environ 800 extrémistes de droite, dont beaucoup d’adolescents et de jeunes adultes du mouvement skinhead étaient présents sur la prairie du Grütli. Ils se sont mis à siffler, beugler et proférer des insultes lorsque l’orateur du jour, le Président de la Confédération, Samuel Schmid (UDC), a parlé d’intégration et s’est exprimé contre le racisme et l’anti-sémitisme. Les médias se sont alors abondamment emparés du sujet de l’extrémisme de droite en Suisse. Seuls les représentants du camp nationaliste conservateur, en particulier des élus de l’UDC, ont soit critiqué les journalistes, soit ont tenté de minimiser l’événement en parlant d’une “centaine de néo-nazis chahuteurs”, soit encore tenté de justifier les invectives contre le Président de la Confédération. Ainsi l’UDC du canton de Lucerne a déclaré qu’il n’était pas étonnant lors d’une telle manifestation qu’il y ait quelques interpellations et huées dans la foule”, en ajoutant qu’il s’agissait d’une grossière présomption de la presse et même d’une “cochonnerie”, de mettre tous les patriotes dans le même panier, à savoir celui des néo-nazis. Le parti cantonal de Lucerne a encore fait paraître une annonce dans laquelle il utilisait du matériel emprunté au camp de l’extrémiste de droite américain Lyndon LaRouche. Dans un autre texte du journal cantonal de l’UDC, un partisan s’appuie sur texte tiré d’une publication d’extrême-droite allemande. Dans le canton du Valais, des représentants de l’UDC on défendu la pratique des jeunes UDC du Valais de tolérer sur leur site internet des commentaires racistes et néo-nazis, ainsi que des allusions aux négationnistes de l’holocauste. Tout cela sous le prétexte que le forum des jeunes UDC était l’une des dernières plateformes de libre expression.

Un représentant de l’UDC s’était cependant exprimé de façon trop grossière au milieu des beuglements et des invectives qui fusaient sur la prairie du Rütli, ainsi qu’en témoignent certaines images de télévision. Ce jeune de 23 ans, Pascal Trost – qui en février 2005 était encore candidat UDC aux élections pour le Grand-conseil du canton d’Argovie – s’est vu exclu du parti. Encore peu avant la marche du Grütli, Trost avait posté sur sa page internet le texte suivant : “En tant que patriote, je prends part pour la 5ème fois à ce grand événement et je me réjouis une fois de plus d’y voir des Suissesses et des Suisses qui sont fiers de leur origine”. Le partisan UDC, qui était membre du “Parti suisse de la liberté” jusqu’aux élections nationales de 2003 avait donc pris part de nombreuses fois à la marche du Grütli. Présent également dans les forums d’extrême droite, il s’était fait remarquer depuis longtemps pour ses propos racistes et antisémites. Après son exclusion, son discours s’est encore radicalisé.

1er août  –  jour férié pour le Grütli?

Le 1er août 1996, quelques skinheads de tendance nazie sont apparus pour la première fois lors des festivités du Grütli. Ils ont fait quelques provocations avec le “salut Kühnen”, choquant au passage quelques participants à la manifestation. Mais la police a rapidement imposé silence aux perturbateurs. Les années suivantes, ils ont été toujours plus nombreux à se retrouver sur la prairie du Grütli. Des extrémistes de droite, pour la plupart des skinheads de tendance nazie, mais également des négationnistes. En 2000, ils ont sifflé le discours de l’orateur qui était cette année-là le Conseiller fédéral Kaspar Villiger. La feuille de boulevard “Blick a parlé de “L’infamie du Grütli” et la mouvance d’extrême droite a obtenu à cette occasion une importante publicité.

Mais la commission du Rütli, organisatrice de la manifestation, n’a rien entrepris contre l’appropriation progressive de la fête par la frange extrémiste, qui s’est mise à dominer graduellement la manifestation. En 2005, ce sont environ 800 extrémistes qui ont fustigés le discours du Président de la Confédération Samuel Schmid (UDC), surtout lorsqu’il a prononcé les mots “intégration”, “démocratie” et “tolérance religieuse”. La fête a pris un “caractère déplorable” écrivait même le quotidien zurichois NZZ, qui jusqu’ici avait qualifié les interventions des extrémistes comme des “chichis” inoffensifs. La présidente du comité organisateur, Judith Stamm (PDC), pourtant connue pour être large d’esprit, a déclaré à un journaliste que ces perturbations avaient “dépassé le seuil du tolérable”. Ce qui signifierait en fait qu’elle n’aurait aucune objection à la présence silencieuse des extrémistes de droite.

Pour la dixième année consécutive, les extrémistes se sont rendus au Grütli et pourtant les organisateurs ont détourné les yeux ou alors tancé les médias en prétendant qu’il s’agissait d’un affaire montée en épingle, par exemple en 2000 lorsque le “Blick” avait parlé de “L’infamie du Grütli”. Comment se fait-il que ce petit groupe de bourgeois d’honneur de Suisse centrale régissent, année après année, avec une telle naïveté aux provocations des mouvements extrémistes? Quel est l’arrière-fond idéologique et historique de cette mouvance?

“Il n’y a pas de nation suisse” affirmait l’historien André Reszler, auteur de “Mythes et identité suisse”. Et il poursuit en disant que la nation suisse est constituée de personnes qui se considèrent d’abord comme citoyens d’une commune et d’un canton, puis subsidiairement comme suisses. Cette pensée a été exprimée par plusieurs auteurs dans les décennies qui nous précèdent, mais elle évacue le fait qu’un cinquième environ des personnes qui vivent sur les 42’000 kilomètres carrés appelés “Suisse” sur la carte de l’Europe, ne peut prétendre à la citoyenneté.

La Suisse est une société qui comme d’autres est constituée de personnes (hommes, femmes et enfants) qui vivent ensemble, produisent, consomment et sont administrés par une bureaucratie. Ces personnes viennent de traditions religieuses différentes (chrétienne, judaïque, islamique, bouddhique, etc…) ou n’ont pas d’affiliation religieuse. Ils ont des situations financières très diverses, certains vivent de leur capital, d’autres travaillent. Cela va du petit paysan de montagne du Muotatal (hautement subventionné) à l’ouvrier syndiqué (à la retraite mais encore actif) qui a renoncé à la naturalisation après que les autorités confédérales lui aient signifié que son engagement politique le menait tout droit à l’échec. Il y a le banquier privé genevois vivant confortablement mais dans une discrétion toute calviniste à l’abri des regards, et l’étudiante en sciences sociale qui petite fille gardait les chèvres dans les montagnes kurdes mais qui vit depuis plus de vingt ans en Suisse et pour qui chaque déplacement hors des frontières fait l’objet de laborieuses démarches administratives.

Telle est la réalité. Mais ce qui est aussi vrai, c’est que la Suisse soigne depuis un peu plus d’un siècle une idéologie qui a pour vocation de raccommoder les ruptures sociales et politiques inhérentes à un état moderne et capitaliste. Alimentée par des mythes vieillots (Guillaume Tell, Winkelried, etc), cette idéologie est particulièrement cultivée sur le lieu de pèlerinage que représente le Grütli. Lors de la fête nationale du 1er août 2006, le Conseiller fédéral Samuel Schmid a parlé du “lieu mythique” que représente le Grütli. Or, il ne s’agit que d’un pré difficilement accessible qui appartient à la Confédération et qui est géré par la commission du Grütli. Cette commission organise des événements de prestiges comme le discours du 1er août. Samuel Schmid était d’ailleurs le premier orateur invité à n’être pas issus de la bourgeoisie de Suisse centrale.

Les radicaux, vainqueurs de la guerre du Sonderbund de 1847 et fondateurs de la Suisse moderne ont laissé aux catholiques conservateurs le soin de l’idéologie. Ces derniers ont cultivé l’image d’une Suisse des bergers, loin des villes, des usines et des immigrants. Cette image d’Epinal a été intégrée à la “défense spirituelle” de la Suisse, surtout depuis les années trente et durant la guerre: hallebardes, drapeaux suisses et géraniums aux fenêtres. Cette vision se réclame d’un isolement vis-à-vis de l’extérieur et d’un cloisonnement à l’interne. Elle a été défendue par les partis bourgeois et même une partie des socialistes, surtout durant la guerre froide, et a sous-tendu la politique officielle de la Confédération jusqu’au début des années 1990. Puis, avec l’effondrement du bloc communiste et l’ouverture vers l’extérieur (négociations avec l’UE et l’entrée dans l’ONU), cette vision est devenue obsolète.

La prairie du Grütli reste toutefois un lieu de projection idéal d’une Suisse intemporelle et vivant dans un splendide isolement. C’est pourquoi elle attire à elle les éléments les plus conservateurs ainsi que les mouvances extrémistes. Que faire? Rayer la réunion du Grütli du calendrier des manifestations du 1er août. Pas uniquement à cause des perturbations occasionnées par les extrémistes de droite, mais parce que cette manifestation incarne une image de la Suisse largement périmée. Une interdiction signifierait que ce jour-là la prairie du Grütli et son gardien auraient un jour férié et que la prairie serait interdite d’accès. Dans quelques années on pourrait toujours réévaluer la situation.

Depuis le milieu des années 80, avec la résurgences des mouvements nationaux conservateurs, la vision conservatrice mue par une tendance nationaliste (voir raciste) a imprégné bien des débats sur l’avenir de la société, qu’il s’agisse des conséquences sociales des drogues illégales ou des questions scolaires. A côté des micro-partis nationalistes, l’UDC en tant que parti gouvernemental encourage un climat de discrimination à l’aide de campagnes agressives. Dans tous les cas de figure, le camp des nationalistes conservateurs dispose d’un grand nombre d’organisations et de moyens de publications, de membres économiquement puissants ainsi que d’élus zélés, et d’un réservoir important de personnes écrivant des lettres de lecteurs. C’est ainsi que, de façon récurrente, la droite ultra-conservatrice parvient à accaparer le débat politique.

Parallèlement s’est constituée une subculture d’extrême droite, qui tout en demeurant marginale n’en est pas moins assez stable. Elle recrute ses sympathisants parmi les jeunes hommes et se compose également de “patriotes”, de skinheads à tendance nazie, de négationnistes de l’holocauste, d’activistes dans des projets politiques et de militants dans des organisations à caractère culturel et politique qui veulent mettre en avant les idées d’extrême droite en faisant un travail de promotion idéologique. Comment se présente cette mouvance idéologique en 2005?

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, certains groupuscules d’inconditionnels ont continué à véhiculer l’idéologie national-socialiste ou fasciste, comme à Lausanne Gaston-Armand Amaudruz, militant et agitateur national-socialiste depuis près de 60 ans! Mais ce n’est que dans les années 80 que s’est créée graduellement en Suisse une subculture d’extrême droite qui rallie toujours plus de sympathisants tout en restant marginale, et dont la partie émergeante a été le “petit printemps des fronts” de 1989. Le groupe proportionnellement le mieux représenté était celui des skinheads, plus précisément des skinheads se réclamant de l’idéologie nazie. Bien que se laissant difficilement organiser dans une entité politique, cette mouvance répand son idéologie via diverses manifestations, en particulier des concerts. Ce sont régulièrement des skinheads de tendance nazie qui ont été reconnus coupables des incendies de bâtiments abritant des requérants d’asile, d’attaques contre des personnes de groupes minoritaires et de propagande raciste. Les discours ont donc été suivis par des actes.

Skinheads nazis et “patriotes”

La subculture “Skinhead” est née dans les années 60 dans la jeunesse en Grande-Bretagne. Y était représentés surtout des jeunes hommes des milieux ouvriers. Ils était fans d’alcool et de football, aimaient la musique Ska des jeunes migrants jamaïcains. Ils recherchaient l’attrait de tapages occasionnels et s’opposaient aux jeunes à cheveux longs, en particulier aux Hippies et également à certains immigrants d’origine indienne. Mais ils n’étaient pas explicitement néonazis ou extrémistes de droite. C’est seulement au début des années 80, lorsque les deux partis britanniques fascistes, le National Front et le British National Party ont cherché à recruter des membres dans les stades de football qu’une mouvance skinhead s’inspirant de l’idéologie nazie s’est créée. En Suisse, les premiers Skinheads d’extrême droite sont apparus au début des années 80 à Zürich, dans le milieu des fans de football/hooligans, à l’époque en particulier le “Hardturmfront”.

Depuis plusieurs années, les skinheads suisses de tendance nazie se regroupent en sections locales ou régionales qui ne se réclament d’aucune direction commune ni même d’une appellation particulière. Plutôt milieu qu’organisation, ces skinheads sont pour l’essentiel âgés de 15 à 25 ans, ont un métier manuel, habitent dans des communes rurales ou de petites villes. Comme le formule le Service d’analyse et de prévention(SAP): ” La mouvance extrémiste de droite est constituée de petits groupements non structurés, qui entretiennent entre eux des liens lâches et dont la composition et le nom changent fréquemment.”. Quant ils en portent un. “La mouvance extrémiste de droite en Suisse, poursuit ce service, ne partage aucune unité de vues, ni de base commune. On compte à l’heure actuelle environ un millier de sympathisants de ce milieu en Suisse.” Concernant la menace qu’elle représente, le document estime que: “Les activistes de droite perturbent parfois considérablement l’ordre et la sécurité publique, mais de façon ponctuelle et locale. La Suisse demeure un lieu particulièrement attractif pour l’organisation de concerts Skinhead et de manifestations apparentées.” Ce que le SAP désigne par des “menaces ponctuelles de la sécurité publique” désigne en fait des actes qui peuvent avoir pour des membres de groupes minoritaires ou des requérants des conséquences gravissimes. En 2005, six skinheads de tendance nazie ont comparu devant le tribunal de district de Frauenfeld parce qu’en 2003, ils avaient à tel point tabassé un jeune fan de reggae de 15 ans qu’ils l’avaient laissé handicapé à vie. Motif invoqué par les inculpés: ils voulaient “tabasser des gauchistes”.

Hammerskinheads et Blood an Honour

Bien que la mouvance skinhead pro-nazie soit peu structurée en Suisse, il est important d’évoquer deux organisations qui existent sur le plan international depuis des années. Il s’agit d’une part des Hammerskinheads, fondés en 1986 à Houston/Textas en tant que fraternité blanche et donc raciste, revendiquant “des territoires blancs pour les hommes blancs” (white areas for white people). L’autre mouvement est le groupement Blood and Honour, fondé en Grande-Bretange en 1987 comme une “voix dissidente du rock contre le communisme”. Il s’agit d’une “organisation politique sans carte d’adhérent”. Elle a pour but de répandre l’idéologie néo-nazie à travers ses propres publications, des supports audio, le commerce d’objets et d’insignes nazis, ainsi que l’organisation de concerts. Dans l’environnement Blood and Honour s’est également constituée une organisation terroriste (Combat 18, le chiffre 18 se référant à Adolf Hitler) responsable d’attentats en Grande-Bretagne et en Suède.

Ces deux organisations ont également essaimé en Suisse. Déjà au début des années 90 les Nazis-skinheads de Suisse centrale ont fondé une section suisse, aujourd’hui la plus ancienne des sections européennes encore existantes de la “nation Hammerskin”. Les Hammerskinheads suisses (SHS) sont connus pour être des organisateurs de concerts expérimentés. Dans les années écoulées, ils ont organisé régulièrement des grands concerts, celui ayant réuni le plus grand nombre de participants étant le concert d’été du 10 août 2002 à Affoltern-am-Albis (environ 1’200 visiteurs de plusieurs pays européens).

Une section suisse de Blood and Honour est apparue seulement en 1997/98, d’abord en Suisse alémanique, puis en Suisse romande. Sa figure de proue est un ex-hammerskin, Olivier Kunz, qui s’est immédiatement profilé comme organisateur de concerts, éditeur de publications ainsi que durant un certain temps distributeur de musique par correspondance. Après son jugement pour infraction contre la norme pénale antiraciste et l’interdiction des concerts nazis-skinheads – en premier lieu dans le canton de Vaud – ces activités ont accusé un net recul, même si Blood and Honour Romandie est apparu comme co-organisateur de manifestations en 2003 et 2004. En 2004, il a également été question d’une section zurichoise de Blood and Honour, dont on ne connaît cependant rien. Sur l’internet existe depuis longtemps une page “Combat 18” ainsi qu’un “Swiss Forum”qui s’est ouvert mi-août 2004 et dans lequel s’expriment aussi bien des skinheads alémaniques que romands.

Peu de choses sont connues du grand public concernant ces deux organisations extrémistes, si ce n’est que toutes deux ont été organisatrices de concerts. Les Hammerskinheads début juillet à Lyss et les Blood-and-Honour-Skinheads pour un concert à Brig. Ce dernier a cependant beaucoup retenu l’attention, car la télévision suisse a retransmis des images du concert filmées en secret.

Helvetische Jugend (Jeunesse helvétique)

La Helvetische Jugend est une organisation affiliée au PNOS (Partei national Orientierter Schweizer. Elle a été créée début juillet 2004 dans la région d’Oberaargau dans le canton de Berne. Parmi ses buts figurent sur sa page internet “la fin du multiculturalisme”, grâce entre autre à “l’expulsion d’étrangers dangereux et la limitation du nombre d’étrangers” sur le territoire suisse. Plus loin il est question de “l’internement pour les demandeurs d’asile” et d’une “meilleure éducation plus neutre dans les écoles suisses” (où il faudrait cesser toute propagande en faveur de Lénine et de Staline et séparer les élèves germanophones des non-germanophones). Enfin, il faudrait mettre un terme à la “désinformation gauchiste et à la terreur des médias, car il faut plus de journalistes neutres”.

Dans la mouvance de la Helvetische Jugend sont parues durant l’hiver/printemps 2004 en tout cas cinq éditions du magazine “Der Widerstand. Das Langenthaler Skinheadmagazin”. Dans sa première édition, le rédacteur Pascal Lüthard le décrit comme un organe national qui se propose de “lutter pour la race, le peuple et la patrie”. Ce magazine entretient le fantasme antisémite d’une vaste conspiration (les Illuminati comme exécuteurs du plan des banquiers Rothschild pour prendre le pouvoir sur le monde). Dans les numéros ultérieurs, l’éditorial est signé “Eugen” et parle de “la résistance elle-même, à savoir la mouvance national-socialiste en Oberaargau”. Il déclare à ses sympathisants: “Bien que beaucoup d’entre vous ne se décrivent pas forcément comme des national-socialistes, il faut garder nos buts bien devant les yeux et savoir où nous mènent nos réflexions. Nationalisme, patriotisme et le culte skinhead sont de beaux mots et de belles idées, mais nos efforts doivent nous conduire vers un système politique national-socialiste. C’est la seule vraie forme d’état qui a prouvé qu’elle fonctionnait”. Cet auteur nie en outre l’holocauste en prétendant que “l’holocauste n’a jamais existé”. Dans les numéros suivants, le même auteur parle des racines biologiques du racisme. Les racistes auraient le bon droit de leur côté, du fait qu’ils s’engagent pour “la séparation des races et des peuples”. Dans les autres éditions, les rédacteurs se préoccupent de thèmes nationaux comme la guerre des paysans ou la bataille de Sempach. Ils informent également sur des manifestations de l'”Initiative Vaterland”, une organisation d’extrême droite apparue en 2000, dont on ne sait pour l’instant pas grand chose.

Divers membres de la Helvetische Jugend ont été condamnés en 2005 à des peines avec sursis, parce qu’ils avaient attaqués en octobre 2004 à Willisau des participants à une manifestation antifasciste. Lors de fouilles conduites au domicile des inculpés, la police a découvert une quantité impressionnante d’armes et d’objets de culte nazis.

Willisauer Widerstand

Sur leur portail internet, les très jeunes membres du Willisauer Widerstand (la résistance de Willisau) affirment évidemment être des “patriotes”. Mais lors de fêtes privées, ils ont une préférence marquée pour les insignes nazis. Plusieurs membres ont participé à la marche des extrémistes de droite au Grütli. Les fondateurs du Willisauer Widerstand sont apparemment très jeunes, mais ils avaient des prédécesseurs, le “Nationalen Widerstand Hinterland” (la résistance nationale de l’arrière-pays). Les sympathisant de ce groupement se targuaient en mai 2004 d’avoir empêché une série de naturalisations à Willisau. Le conseil communal voulait octroyer la nationalité à dix ressortissants des Balkans. Mais ce dernier, comme le rapportait un “inconnu de l’arrière-pays” dans les pages du Widerstand, “avait compté sans les camarades fidèles à la patrie de la résistance de Hiterland”. Ceux-ci avaient distribué un tract exigeant le refus des naturalisations et lors de l’assemblée de commune “la preuve avait été donnée qu’il était possible de mobiliser suffisamment de gens pour rejeter ces naturalisations.”

Schweizer Nationalisten, Patriot.ch, 848.ch et Co.

Parmi les sympathisants de l’extrême droite se trouvent également des personnes qui sont mues par des convictions nationalistes militantes plutôt que par une vision raciste. Cela explique les nombreux transferts vers les nationalistes conservateurs. Beaucoup de forums internet sont créés par ces “patriotes” et contiennent des propos racistes et xénophobes, mais souvent ils se font également l’écho d’extrémistes de droite. Les exploitants de ces sites prétendent souvent n’avoir rien à faire avec les extrémistes de droite ou les néonazis, par exemple de responsable du site “848”, alimenté par des activistes de la région de Walensee. Mais ce site accueille souvent des contributions d’extrémistes de droite, des débats portant sur le racisme et l’antisémitisme, ainsi que des déclarations remettant en cause la réalité de l’holocauste, quant elles ne le nient pas complètement.

Les Identitaires

Début juillet 2005, Les Identitaires de Romandie ont annoncé qu’ils allaient suivre les traces de leurs “cousins” belges. Leur but est la défense des Européens de race blanche. Face aux dangers de la globalisation, de l’immigration massive, et à la dissolution de “l’identité suisse et européenne” ils ne voient qu’une issue pour la jeunesse romande: agir ou subir. Et tout cela “pour la Romandie, pour la Suisse et pour l’Europe”. Les Identitaires disposent d’un site internet, qui est cependant enregistré sous le nom d’un Français connu d’extrême droite. L’on ne sait pas grand chose de leurs activités en 2005, ni du nombre des sympathisant(e)s en Suisse romande. Dans le journal “La Liberté”, un membre déclarait que le mouvement compte quelque centaines de sympathisant(e)s en Suisse romande. En été 2005, Les Identitaires ont exigés la fermeture du centre de requérants d’asile, suite au graffitis racistes d’un conseiller communal membre du parti radical qui avait “chauffé” l’ambiance. Mi-décembre à Genève, Philippe Vardon, porte-parole de l’organisation française des Jeunesses Identitaires a prononcé un discours. Parmi les participants on faisait une collecte de fonds pour l’Association Solidarité-Kosovo qui soutient des orphelins serbes de Mitrovica. Car ces enfants sont les “fils et filles des gardes-frontières de l’Europe. Comme leur aïeux, leurs parents dont morts pour défendre leur sol contre l’expansion musulmane en Europe centrale”. Hier c’étaient les Turcs, aujourd’hui ce sont les Albanais!

Activités politico-culturelles

Divers activistes et organisations se réclament d’une idéologie d’extrême droite mais ne participent pas forcément à la politique institutionnelle et ne se présentent pas aux élections. Il s’occupent de promouvoir leur idéologie par un travail de formation et réseautage. On peut citer ainsi le cercle Avalon ou Gaston-Armand Amaudruz avec son journal le “Courrier du Continent”, mais aussi le couple Paschoud avec son journal “Le Pamphlet”. Outre ces activités déjà anciennes, on recense l’apparition en 2004 et 2005 d’un groupement nommé le “Bund Oberland”, créé par un groupe de jeunes activistes inconnus de l’Oberland bernois.

Le cercle Avalon

Le cercle Avalon est longtemps resté secret, de sorte que ses activités sont peu connues du grand public. Cependant son représentant Ahmed Huber, également activiste islamiste, prétend qu’occasionnellement des journalistes, des parlementaires ainsi que d’autres personnalités influentes ont pris part aux manifestations du cercle Avalon. Toujours est-il que Huber affirmait durant la campagne électorale de l’automne 2003 à la SonntagsZeitung que Bernhard Hess, conseiller national bernois des Démocrates suisses (DS) avait pris part à des activités de la société Avalon. Hess a contesté – sans convaincre – ses contacts avec l’extrême droite. En janvier 2005, le rédacteur de “Recht + Freiheit”, Ernst Indlekofer, s’est fâché contre une déclaration de Hess où il était question de “l’irrémédiable disparition du Reich allemand”, faisant allusion au fait qu’il avait entendu dire que Hess fréquentait depuis des années les réunions du cercle Avalon, et que de ce fait il devrait savoir que “les transformations et l’histoire de l’Allemagne sont le thème principal de la célébration bisannuelle de cette société germanophile”.

Le Cercle Avalon a été créé en 1990 par Roger Wüthrich, précédemment dirigeant de la “Jeunesse Viking suisse” et par Andreas Gossweiler, actif dans divers mouvements d’extrême droite. A ces rencontres participent d’anciens fascistes ainsi que de jeunes skinheads, outre ses représentants les plus connus comme Ahmed Huber et Roger Wüthrich.

Bund Oberland (Alliance Oberland) – appel à l’insurrection

Début février 2005, un groupe d’inconnus a distribué à Spiez un tract déclarant que “dans le premier gouvernement de Lénine figuraient 12 juifs” et que la révolution bolchévique avait été financée par des banquiers juifs de Wall Street. C’est un motif connu de l’agitation antisémite. Il s’agit de la première action avérée de la part d’un groupement dont les activistes étaient inconnus jusqu’en 2005. Le “Bund Oberland” a également distribué des tracts s’opposant à la libre circulation pour les ressortissants des pays de l’Est et a organisé une collecte pour le négationniste Germar Rudolf.

Après une prise de bec fin juillet entre un extrémiste de droite et un militant anti-globalisation, le “Bund Oberland” a émis une nouvelle dans laquelle il condamnait cette attaque mais se montrait compréhensif pour les fauteurs de trouble. Deux activistes du “Bund Oberland” – l’un d’eux se prénomme “beoberland 18” et l’autre “Wille” – ont publié dans divers forums d’extrême droite des propos antisémites et niant l’holocauste. Selon leurs dires, l’un semble avoir environ une vingtaine d’années et l’autre, un peu plus âgé, est fourrier dans l’armée suisse (ces informations n’ont pas pu être vérifiées).

Le “Bund Oberland” se décrit comme un “groupement de nationalistes qui se sont spécialisés depuis des années dans divers domaines de l’histoire et de la politique”. Elle “n’appartient à aucune subculture”, mais veut avec son activisme “appeler à une mobilisation populaire qui a pour but la chute du système actuel”. Le “Bund Oberland” n’exclut pas une collaboration avec d’autres groupements, mais il faudrait que ces derniers souscrivent entièrement aux objectifs du BO avec toutes leurs conséquences. C’est ainsi que le BO se différencie clairement des skinheads.

Les projets “préaux” (Schoolard)

Mi-septembre 2005 sont apparus dans les préaux d’écoles, surtout dans le canton d’Aargau, une série de CD avec des chansons à contenu extrémiste. C’est ainsi que la campagne du parti national socialiste allemand (NPD) a également eu des retombées en Suisse.

En Suisse, c’est avant tout le “Bund Oberland” qui a distribué ces CD. Il se glorifie d’ailleurs sur sa homepage d’en avoir écoulé plus de cinq cent. Fin 2005, il était toujours possible de télécharger depuis la homepage du “Bund Oberland” toutes les chansons en allemand et en anglais, parmi elles aussi le titre fortement antisémite du groupe “Volkszorn” intitulé “99 Luftballons”. Le groupe parle de “99 cochons de Juifs” et la chanson se termine par “99 ans de guerre ne laissent plus de place aux Juifs. Il n’y plus de cochons de Juifs ni de Turcs. Aujourd’hui je fais ma ronde, je vois le monde en ruines. J’ai trouvé une tête de juif, j’ai tappé dedans encore une fois et je l’ai fait voler”. Depuis début 2006, ces chansons ont disparu du site du “Bund Oberland”.

Gaston Armand Amaudruz et le “Courrier du Continent”

 Le vieux fasciste Gaston Armand Amaudrz est aujourd’hui âgé de 85 ans, mais continue à publier régulièrement son petit journal de 12 pages hectographiées, le “Courrier du Continent”. Le contenu est identique depuis des années. Dans la partie “bloc-notes”, Amaudruz tire des citations des journaux qu’il assortit de commentaires sardoniques. Mais dans cette rubrique, il donne également des informations (y compris adresses) de nouvelles publications de l’extrême droite et de ce fait contribue à la mise en réseau de ce milieu. Puis viennent des rubriques habituelles sur la “criminalité” ou sur la “muselière” (c’est ainsi qu’Amaudruz désigne la loi pénale suisse contre le racisme). Viennent s’ajouter des textes de ses collaborateurs Guiseppe Patanè, Willi Märki et Eduardo Longo. La dernière page est consacrée à un article où Amaudruz expose ses thèses racistes, antisémites et négationnistes. Ces propos ont valus à Amaudruz un séjour prolongé en détention il y quelques années.

Le “Courrier du Continent” est paru pour la première fois en 1946 et est rédigé et publié depuis une cinquantaine d’années par le fasciste lausannois Gaston-Armand Amaudruz. Pendant des décennies, ce cahier était l’organe officiel de NOE, une petite organisation raciste dont Amaudruz était l’un des principaux représentants. Le pamphlet continue à être publié aujourd’hui à quelques centaines d’exemplaires.

Claude et Mariette Paschoud “Le pamphlet”

Dans le numéro spécial paru à l’occasion de sa 35ème année d’édition, les responsables de la feuille “Le pamphlet” se réjouissent de constater qu’alors que cinq ans auparavant ils étaient prêts à jeter l’éponge, ils envisagent désormais l’avenir avec optimisme. Les auteurs, au nombre desquels figurent, outre les Paschoud, des personnes comme Michel de Preux, Gérald Berruex et d’autres, publient des articles d’opinion pour le travail du dimanche dans les commerces des gares (vote référendaire du 26 novembre 2005) et contre la consommation du cannabis. Ils font connaître leur désapprobation à l’encontre des homosexuels, mais font également des allusions antisémites, soutiennent discrètement les thèses négationnistes et pestent contre les musulmans. A côté de cela, le couple Paschoud fait également savoir au monde que leur fils Michel s’est marié et qu’ils seront bientôt grands-parents pour la troisième fois.

Une fois, le chef de la division juridique de la police vaudoise des étranger a été vraiment surpris: “Le pamphlet” a pris le parti de demandeurs d’asile vaudois vivant en Suisse depuis plus de dix ans et menacés d’expulsion. Sinon, la lecture du Pamphlet n’a rien de réjouissant, même lorsqu’il prend ses distances d’avec Christoph Blocher qui ne s’est pas opposé il y a dix ans à la norme pénale suisse antiraciste et qu’il a exclu des négationnistes de l’Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN). “Le pamphet” commente aussi un événement arrivé à Paris, en l’occurrence l’arrestation des négationnistes Ernst Zündel, René-Louis Berclaz et Siegfried Verbekeattribuant ces arrestation aux “lois-baillons”. Enfin, Claude Paschoud signe un texte où il raille l’attitude du gouvernement turc qui a reconnu sa culpabilité dans une procédure portant sur la négation de l’extermination du peuple arménien en Turquie. La perspective d’adhésion à l’Union europénne (UE) et les intérêts économiques importants qui nous y engagent ne méritent pas qu’on “baisse sa culotte et qu’on se laisse botter les fesses comme l’ont fait précédemment l’Allemagne vis-à-vis d’Israël et les banquiers suisses à l’égard des gangsters juifs de la côte Est des Etats-Unis”. Claude Paschoud est encore plus grossier lorsqu’il parle des musulmans et il décrit le prophète Mohammed comme “cet analphabète célèbre qui vivait au sixième siècle” et taxe son enseignement de “poison intellectuel”. Plus loin, il écrit: “le Coran est proche de l’extrémisme, et même l’islam pacifique prêche des principes que notre société réprouve (esclavage, peines corporelles, inégalité des sexes, discrimination religieuse).” Par ces articles, Paschoud encourage évidemment aussi les personnes hostiles à l’Islam en Suisse à s’exprimer plus librement.

“Le pamphlet”, fondé par Claude Paschoud, paraît depuis 1970, dont depuis 35 ans. Le feuillet a connu par moments une diffusion plus importante (2’000 exemplaires). C’était en 1986, à l’époque ou Mariette Paschoud, enseignante dans le secondaire, était apparue aux côtés du négationniste Henri Roques à une conférence de presse à Paris et avait émis des “doutes sur l’existence des chambres à gaz et des camps de concentration.” En 1991, elle a failli être nommée major dans le service féminin de l’armée suisse, n’était-ce les protestations politiques qui ont entouré cette promotion. Un procès en diffamation entrepris par Mariette Paschoud contre le rédacteur du “Bieler Tagblatt” a fini par se retourner contre la négationniste. Le conseil fédéral a estimé dans un jugement qui fait encore référence aujourd’hui que: “La revendication d’une preuve sur l’existence des chambres à gaz est tellement absurde, au vu de la masse de preuves disponibles, que, même si d’autres motifs sont théoriquement envisageables, la sympathie pour le régime national-socialiste s’impose de façon évidente et suffit comme preuve de vérité. Surtout si l’on tient compte dans la conclusion d’éléments telles que des actions et propos tenus, ainsi que d’intentions et de motivations, qui ne représentent néanmoins pas une preuve scientifique.”

Au cours des dernières années, le journal a plusieurs fois vu diminuer ses abonnés. Depuis quelques années, Le pamphlet est également consultable sur internet, un moyen pour la rédaction de faire face à la baisse constante des abonnés.

Recht + Freiheit (Droit et Liberté), Ernst Indlekofer

Ceux qui sont encore capables de réfléchir, affirme Ernst Indlekofer, constateront que “les hauts cris poussés contre l’extrémisme de droite détournent l’attention des véritables coupables”. Et pour le rédacteur bâlois de Recht + Freiheit, condamné pour négation de l’holocauste, les véritables coupables ce sont depuis toujours les Juifs et les Franc-maçons. Au nombre des thèmes récurrents figurent diverses contraventions à la norme de droit pénal contre la discrimination raciale, la contestation de la responsabilité allemande dans le déclanchement de la deuxième guerre mondiale, ainsi que diverses prises de position en faveur de négationnistes.

A l’occasion du vote référendaire sur la libre circulation des ressortissants d’Europe de l’Est, Ernst Indlekofer a obtenu une certaine visibilité en insérant une grande et certainement coûteuse annonce dans plusieurs quotidiens avec le slogan “MAMAN, pourquoi est-ce que papa n’a plus de travail?”

Officiellement l’organe “Droit et Liberté” est publié par un “Presseclub Schweiz”, mais de facto, c’est bien le bâlois Ernst Indlekofer, aujourd’hui âgé de 60 ans, qui est largement responsable de ce cahier de six à huit pages par édition. En 2005, il y a eu cinq parutions. Parmi les rédacteurs on recense Max Disteli (Olten), Fritz Schenkin (Frauenfeld), Théo Häusermann (Bâle) mais également des représentants de l’UDC comme Josef Huber (Obernau) ancien membre UDC du Grand conseil. Le “Presseclub Schweiz” a tenu son assemblée générale fin août 2005 à un endroit inconnu, et comme dans les années précédentes, les membres devaient préalablement demander leur carte d’entrée personnelle.

MIHAG – Militärhistorische Arbeitsgemeinschaft (communauté d’étude d’histoire militaire)

Dans le numéro d’avril de la revue allemande “Der Freiwillige”, anciennement journal des Waffen-SS, la Militärhistorische Arbeitsgemeinschaft (MIHAG) a publié un éloge posthume de Franz Riedweg, jadis Obersturmbannführer des Waffen-SS. La conclusion de l’article révèle le credo politique de la MIHAG: “Nous, jeunes et vieux camarades, nous avons perdu avec lui l’un des derniers grands défenseurs de l’Europe et de la patrie.” Cet éloge se termine sur une allusion à l’un des fameuses devises des commandos de la mort d’Hitler qui se considéraient comme l’élite de l’Europe national-socialiste: “Seine Ehre hiess Treue – zum nationale Europa” (“son honneur était la fidélité à l’Europe nationale). Un mois plus tard, la MIHAG a publié un autre éloge, cette fois de Kurt Brüderlin, un frontiste bernois, devenu Obersturmführer des Waffen-SS. La société a publié en 2002 les souvenirs de Brüderlin “Einsichten und Ansichten eines Schweizer Freiwilligen” (point de vue et réflexions d’un volontaire suisse) sous le pseudonyme Konrad Bergmann. Ces mémoires sont en fait une longue apologie du nazisme.

La Militärhistorische Arbeitsgemeinschaft (MIHAG) a été créée au milieu des années 90 et dispose d’une adresse postale à Hinterkappelen dans la région de Berne. Cette société est plutôt discrète et il n’est pas clair de combien de membres elle dispose. Il est toutefois avéré que son représentant, le pâtissier-confiseur bernois Stefan Kernen, prend régulièrement part à des rencontres amicales entre anciens Waffen-SS et qu’il y est considéré comme un “camarade suisse” ou un “sympathisant confédéré”.